La recherche

La recherche sur la Schizophrénie est effectuée dans de nombreuses directions. On distingue :

La recherche des causes biologiques premières basée sur la génétique et l’épidémiologie (étude des liens statistiques entre des facteurs de risque comme la grippe pendant la grossesse, le cannabis, le stress et l’apparition de la maladie), ou encore l’étude des facteurs de vulnérabilité chez des sujets à risque de développer la pathologie (les facteurs étudiés sont comportementaux ou neurobiologiques.

La recherche des mécanismes spécifiques de la maladie (neuropsychologie) qui compare l’activité cérébrale des malades à celle des personnes bien portantes. Elle a pour but de définir les troubles qui caractérisent la pathologie, et de comprendre comment s’articulent les troubles neurobiologiques, comportementaux et cliniques. Elle doit permettre de mettre au point des méthodes de remédiation cognitive et affective, et à terme, d’améliorer le diagnostic.

NB : L’imagerie médicale qui met en évidence des différences entre patients et témoins, est un outil qui permet d’explorer les 3 précédentes questions.

En effet, il n’est pas toujours si facile de savoir si les différences sont les causes ou les conséquences de la pathologie.

La recherche d’une meilleure prise en charge sociale, (approche psychosociale) qui a pour but d’améliorer la vie des malades (et de leurs familles) en favorisant leur réhabilitation et insertion sociales. La prise en charge sociale relève des soins, mais concerne la recherche, dans la mesure où les troubles cognitifs ont une répercussion sur les capacités de réinsertion des patients. La recherche a pour but la mise au point de thérapeutiques innovantes qui permettent de remédier aux troubles cognitifs, et donc d’améliorer les capacités d’insertion.


Les organismes de recherche en France

La recherche sur la Schizophrénie est partie intégrante de la recherche sur les maladies mentales (schizophrénie, troubles bipolaires, autisme). Elle est organisée en France autour des unités de recherche de l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) et du CNRS(Centre National de la Recherche Scientifique).

Ces Unités sont coordonnées par l’ITMO (Institut Thématique Multi Organismes) Neurosciences, Sciences Cognitives, Neurologie, Psychiatrie.

Les Centres Experts (23) en France dont celui de Strasbourg (Schizophrénie) sont chargés entre autre de faire bénéficier les patients des avancées de la recherche.

Des Fondations telles que la Fondation FondaMental, et la FRM Fondation pour la Recherche Médicale ont pour but de financer et d’orienter la recherche à travers leurs appels d’offre.

Les Associations de patients et de familles sont partenaires de ces organismes de recherche et participent au financement et à l’orientation de la recherche. L’association Schizo Espoir a financé des projets de recherche à plusieurs reprises depuis 2001.


La recherche à l’unité UMR-S 1114 INSERM

Schizo Espoir est partenaire de cet organisme par le biais de dons réguliers.

Organisation

L’Unité est installée dans le bâtiment Psychiatrie des Hôpitaux Civils de Strasbourg.
Elle emploie 12 chercheurs de formation pluridisciplinaire comme biologistes, pharmaciens, médecins et psychologues.

Elle accueille aussi des jeunes chercheurs, doctorants et post doctorants.
Les moyens mis à sa disposition, hormis les bureaux des chercheurs, sont des locaux équipés d’appareils de tests optiques et d’ordinateurs destinés aux expériences menées avec des patients.

L’Unité dispose en outre de certaines techniques comme l’EEG (électroencéphalographie) et diverses techniques d’exploration chez l’animal (rats).

Elle fait appel à des plateformes technologiques pour l’imagerie médicale, IRM (imagerie par résonnance magnétique), MEG (magnéto-encéphalographie)
Les observations cliniques et les expériences sont menées avec les patients suivis par l’hôpital, ceux impliqués dans le réseau FondaMental, et ceux de l’ESAT Route Nouvelle.

L’Unité dispose d’un budget quinquennal attribué par l’Inserm sous le contrôle d’un comité d’évaluation.
Les dons de Schizo-Espoir représentent chacun l’équivalent du budget annuel attribué à l’unité pour un chercheur. En 2022, 15 000 € ont été versés.


La recherche

Principes et buts

La recherche de l’Unité UMR-S 1114 porte principalement sur la schizophrénie.
Mais dans la mesure où il faut savoir si ce qui est observé est spécifique de la schizophrénie, l’Unité teste aussi des patients qui souffrent de troubles bipolaires ou d’autisme.

Cette recherche ne porte pas sur les causes de la maladie, mais sur la compréhension des mécanismes des troubles qui l’accompagnent ou la précède.

Il s’agit de disséquer les différentes étapes des mécanismes cognitifs (perception, mémoire) et neurobiologiques (dopamine, connectivité entre neurones) à partir de l’observation des troubles exprimés par les patients. La démarche est celle d’un réparateur qui détecte la panne d’un appareil en analysant son fonctionnement.

Le point de départ est donc l’observation clinique des troubles et plaintes des patients. Une hiérarchie des troubles est établie pour agir sur les plus importants. La recherche tente alors de les comprendre en les modélisant, en utilisant les techniques de stimulation cérébrale, de médicamentation, d’imagerie médicale chez des patients et de test chez l’animal.

Les buts de cette recherche sont :

  • De déterminer les troubles cognitifs spécifiques à la schizophrénie afin de mieux définir la nature de la pathologie, de comprendre les liens entre troubles neurobiologiques, cognitifs et cliniques, et d’améliorer le diagnostic.
  • De découvrir de nouvelles méthodes de remédiation cognitive, en se servant des fonctions opérationnelles qu’utilise le patient pour compenser ces troubles.
  • La remédiation cognitive, en proposant des exercices visuels et des jeux, permet aux patients de reprendre un certain contrôle sur leur pensée et leur comportement, de réduire l’impact négatif de leurs idées délirantes, et de mieux comprendre leur propre situation.
  • De découvrir des thérapeutiques innovantes en passant par des recherches chez l’animal (thérapeutiques invasives qui ne peuvent pas être appliquées directement chez l’homme).

Les travaux

L’unité travaille sur la mémoire qu’ont les patients de leur passé. Les patients ont des difficultés à organiser leurs souvenirs de manière cohérente. La mémoire du passé est nécessaire pour préparer l’avenir, et les troubles de la mémoire compliquent, pour les patients, la construction de buts de vie adaptés.
Ces recherches sont directement utilisées pour proposer des techniques de remédiation cognitive destinées à améliorer les capacités de mémoire.

L’unité travaille également sur des troubles plus élémentaires, plus directement en lien avec les troubles neurobiologiques. Les patients ont des difficultés à coder la chronologie d’événements très rapprochés dans le temps (fractions de seconde). Les patients sont soumis à des tests avec la mesure des mouvements oculaires par une caméra toutes les 20 ou 2 ms, ou la présentation de signaux visuels à des intervalles de temps de 8 à 16 ms. Les résultats sont exploités pour élaborer des modèles de dysfonctionnement propres à la maladie.

Ces travaux suggèrent aujourd’hui une anomalie propre aux schizophrènes, qui est une perception erronée dans le temps, avec pour conséquence une difficulté à anticiper le moment à venir, sur des échelles de temps inférieures à la seconde.


Conclusions

Les soutiens financiers à la recherche que peut offrir l’Association Schizo Espoir représentent quelque chose de significatif en termes de budget de l’UMR-S 1114 de l’INSERM de Strasbourg.

Il existe une réelle proximité entre l’Association et l’Unité, proximité géographique, l’Alsace, proximité d’intérêt, la schizophrénie et proximité de réseau, patients, médecins, établissements de soins et d’insertion.

Une connaissance des travaux de recherche par les membres de l’Association doit leur permettre de mieux comprendre et appréhender la maladie.

De l’avis du Dr Anne Giersch « tout ce qui permet aux laboratoires de rapprocher les recherches des besoins des patients et des familles est une bonne chose ».